Une maison de tôle " abandonnée " ...

Non loin de Mégaton se trouve un petite maison de tôle. Sale, isolée... Néanmoins, elle avait encore tous ses murs, et même son toit, conservant une certaine intimité. Aucun arbre ou rocher n'apparaissait dans un rayon de vingt mètres... Elle était solitaire. Tout autant que celui qui l'habitait.
Personne ne pourrait deviner ce qui se trouve à l'intérieur. Il faudrait pour cela ouvrir la porte... Ce qui est déjà une dure étape à franchir, étant donné qu'elle est désormais barricadée. Si l'on décide de l'enfoncer et que l'on réussit, on se retrouve face à un souk, un bazar, une décharge publique. Enfin, la décharge de la NASA plutôt. Il est impossible de marcher sans s'enfoncer le pied dans un objet métallique divers. Sur les meubles, masqués d'un voile d'objets étranges, se trouvent quelques bouquins déchirés.

C'est vers l'un de ces bouquins que se dirigeait un véritable monstre. Une goule semi-métallique, inhumaine. Les quelques parties de son corps encore faites de chair laissaient partout de la peau, des morceaux ou du sang. La bête trainait les pieds, laissant une sorte de trace de frein ensanglantée sur le " sol " . Dans sa main gauche, il semblait tenir une plume. Devenue rouge, évidemment. Et rangement, il ne la portait pas dans la main droite, alors qu'il était droitier. Alors qu'il approchait de la rangée de livres, il coinça la plume entre ses dents et attrapa l'un deux. La couverture, était, avant, blanche. Aujourd'hui, il semblerait que des enfants aient trempé leurs mains dans de la " peinture rouge " et se soient amusés a appliquer leur mains un peu partout dessus.
La chose se laissa alors tomber au sol, ouvrit délicatement le bouquin et parcourut les pages, toutes remplies à ras-bord et tâchées de sang, jusqu'à en tomber sur une vierge. Il coinça les côtés du livre sous des objets proches, attrapa sa plume et se mit à écrire.

" ?? / ?? / ???? ...

Cher journal, chère Kitty...
Il y a quelques jours, j'ai du barricader ma porte. J'ai condensé mon bazar devant. Il me semble qu'il nécessiterait d'avoir la puissance d'un super-mutant pour l'enfoncer. Figure-toi que des chasseurs de goules sont dans les parages en ce moment. Il y a un véritable holocauste contre les goules de nos jours... Je me demande si les habitants de Mégaton me trahiraient. Dans ce cas, j'espère que ces tueurs s'arrêteront devant ma porte close... Heureusement, j'ai encore des provisions qu'elle m'avait apportées. " Elle " ... Je n'ai jamais su son nom, et le ne saurai sûrement jamais, étant donné que je vais bientôt mourir. La dernière à ne pas me craindre... Dire qu'elle est sûrement morte aujourd'hui. Atrocement éventrée par des rataupes, fusillée puis dévorée par des cannibales, réduite en esclavage par les négriers, torturée par les super-mutants...

Les Terres Désolées ne sont vraiment plus sûres. Dire que les habitants ne l'ont pas laissée rentrer... Les traitres ! En y repensant, je ne doute plus qu'ils me dénonceront. Je vais devoir renforcer cette barricade, ou, au pire, placer des pièges mortels. Sache qu'hier j'ai fini le robot ! Un modèle unique. Cela m'aura pris du temps... Je l'ai programmé spécialement pour m'aider dans mes opérations. Et sache également qu'il va me servir dès aujourd'hui ! Pourquoi ? Car, au réveil, deux doigts de ma main droite étaient sur l'oreiller... Seul, je n'aurai pas pu réparer ça. Mais avec son aide, tout devrait bien se passer.

Je me rends compte, chère Kitty, que la solitude me fait de plus en plus mal. Heureusement que tu es là... Tu m'acceptes comme je suis, ne me repousse pas, ne t'en vas pas à ma vue... Tu ne te plains même pas des morceaux de chair ou de la peau morte que je laisse entre tes pages. Même le fait que j'écrive avec mon propre sang, faute d'avoir de l'encre, ne t'agace même pas ! Peut-être m'absenterais-je plus tard. Mais je vais programmer le robot pour qu'il puisse te tenir compagnie, ne t'inquiète pas.
Enfin, tout d'abord, il va falloir qu'il me remplace ces deux doigts, alors je vais te laisser... "

La goule lâcha la plume, qui voleta lentement avant de se poser sans bruit, sans brusquerie sur une boîte en métal, qu'elle tâcha de sang frais au passage. L'abomination prononça une courte phrase, et un tas de débris se mis alors à remuer brusquement.
Une bête métallique grossièrement montée en émergea alors. De son dos sortaient divers tentacules robotiques dont les ventouses étaient des outils pour le moins effrayant. Sur sa " gueule " se trouvait un petit clavier aux touches grises, sur lequel tapota quelques mots Agora. Lorsqu'il eut fini, le clavier ressemblait à un damier.. Il rampa jusqu'à une étagère, attrapa quelques outils, s'assit près du robot et entama son immonde quotidien...